Ce film français de Jean Vigo, me semble avoir toute sa place sur notre blog. Oeuvre hybride, à mi-chemin entre le documentaire et l’essai poétique, le film peut paraître daté. Cependant, dans le contexte des années 20, c’est non seulement une oeuvre novatrice, mais c’est aussi une proposition de cinéma jamais revue depuis dans le cinéma français…
Le film plus marqué par «Un chien Andalou» que par le documentaire classique, influencera à son tour des cinéastes reconnus tels que Luis Bunuel…
Au cadre, on retrouve Boris Kaufman frère cadet d’un certain Dziga Vertov qui réalisera un certain «L’homme à la caméra» autre référence majeur du cinéma documentaire.
Ce que Jean Vigo propose dans ce film, avec «seulement» 70 ans d’avance, c’est ce qui l’appellera le «point de vue documenté», à savoir, l’envie de prendre et de rendre visible sa caméra, d’assumer son point de vue, sa place et sa personne, comme s’il tenait entre les mains une petite caméra HD embarquée… Rappelons qu’en même que dans les années trente, les caméras ne se portaient pas à l’épaule, ne se manipuler pas facilement, et occupaient l’espace sonore !
Nous pouvons admirer ici la subjectivité assumée et cette capacité à mettre en scène les lieux et les personnes… Une poétisation du réel que nous pouvons tenter à notre tour avec plus de facilités techniques…
Laissons Jean Vigo (1934) lui même nous motiver :
« Le documentaire social se distingue du documentaire tout court et des actualités de la semaine par le point de vue qu’y défend nettement son auteur. Ce documentaire social exige que l’on prenne position car il met les points sur les i. S’il n’engage pas un artiste, il engage au moins un homme. (…) Et cela, avec une force telle que, désormais, le monde qu’autrefois nous côtoyions avec indifférence, s’offre à nous malgré lui au-delà de ses apparences. Ce documentaire social devra nous dessiller les yeux. »
Date de sortie : 28 mai 1930 (France)
Réalisateurs : Jean Vigo, Boris Kaufman
Montage : Jean Vigo
Cinématographie : Boris Kaufman
Scénario : Jean Vigo, Boris Kaufman