L’Homme à la caméra

L’Homme à la caméra est un film soviétique réalisé par Dziga Vertov en 1929 (frère de Boris Kaufman que l’on retrouve dans le film «A propos de Nice» de Jean Vigo). Tourné à Odessa et d’autre villes soviétiques, le synopsis repose sur le quotidien de ses habitants, du matin au soir, explorant toutes les facettes du travail, des loisirs, de la ville.

Vertov réalise ici un documentaire expérimental. Influencé par le constructivisme, le réalisateur développe avec ce film sa théorie du ciné-oeil (Kino-pravda), une manière de révéler le réel grâce, paradoxalement, aux outils techniques de transformation de l’image propre au cinéma.
D’une certaine manière, Vertov pousse à l’extrême les théories d’Eisenstein qui s’oppose au cinéma naissant américain, jugé trop linéaire, en créant la théorie du «montage des attractions».
L’idée d’Enseinstein tient d’un montage plus visible, produisant un impact maximal sur le spectateur.

Vertov ira plus loin en jouant vraiment sur le montage roi, produisant des effets de style d’opposition ou d’attraction des images, déformant le réel pour en garder que la substantifique moelle d’une grande richesse plastique. Il décrira ainsi sa théorie dans une conférence des kinoks le 9 juin 1924 :

« Un film consacré à l’anniversaire de la Révolution d’octobre fut le point de départ de ma nouvelle activité à Kino-pravda. Le Kino-pravda est fait avec le matériau comme la maison est faite de briques. C’est de la manière dont nous allons laisser la vie pénétrer dans l’objectif que dépendent la qualité technique, la valeur sociale et historique du matériau et ultérieurement la qualité de tout film. Mes contempteurs ne pouvaient se passer, par la force de la tradition, de textes de liaison entre les sujets. »

En France surtout, beaucoup de réalisateurs rendirent hommage au style de Vertov. On peut compter notamment le mouvement de Jean Rouch appelé «cinéma vérité» dans les années 1960, Jean-Luc Godard qui dans la même période créé le groupe Dziga Vertov (ou il met le montage en avant) mais aussi les films militants comme les cinétracts de 1968.