Faisons un pas de côté dans ce ciné-club pour plonger dans l’univers d’un cinéaste plus connu pour son surréalisme teinté d’érotisme : Walerian Borowczyk.
Réalisateur et plasticien d’origine polonaise, il sera influencé très tôt par le surréalisme, genre moteur d’un grand nombre de ses films expérimentaux utilisant le plus souvent la technique de l’animation. Peu connu dans son pays d’origine, c’est lorsqu’il voyagera à Paris qu’il aura gagné une véritable reconnaissance. Il côtoiera alors les grands cinéastes essayistes de l’époque dont Chris Marker, avec qui il réalisera « Les Astronautes » et « Rosalie ».
Mais c’est aussi pour ses allusions à l’érotisme qu’il restera célèbre avec notamment « Contes immoraux » (1974) ou « La Bête » (1975) (il évitera de justesse un Emmanuelle V).
Sous cette influence française, c’est sans surprise que l’auteur nous livre plusieurs portraits de genre documentaire dont « L’amour monstre de tous les temps ».
En nous dressant le portrait du peintre Ljuba en 1977, Walerian Borowczyk prend plaisir à transférer sur le peintre ses propres passions : un partage de motifs qui passent du post-surréalisme à l’érotisme.
Il nous livre ainsi une oeuvre qui montre que, sous ses allures de film-essai, le genre documentaire peut et doit sortir de ses gonds pour jouer avec le langage cinématographique. Le jeu avec le réel faisant parti intégrante du genre, il est normal que bon nombre d’artistes plasticiens si attellent avec autant de plaisir.
Ici, la musique de Wagner prendra le pas sur les gestes de Ljuba, incitant l’image à se fragmenter, détails de corps, de gestes, d’histoires comme autant de pièces du musée imaginaire de l’artiste qu’on nous livre sans commentaire, sans ajout grossier, porte ouverte vers notre imaginaire : le genre documentaire dans toute sa splendeur.
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